La résilience et l’expérimentation au travail, pour le meilleur et pour le pire
De profondes perturbations affectent le monde du travail. Elles façonnent le vécu des personnes au travail et la façon dont celles-ci mènent leur vie et prennent part au sein de leur communauté. Nombreuses sont les institutions qui, malgré leur rôle de promotion de la solidarité, de l’égalité et de la prospérité, peinent à répondre aux besoins et aux aspirations des travailleur.euse.s et de leur communauté. L’ambition de jouir d’un travail productif, novateur, sécuritaire et inclusif est bel et bien présente; l’un où l’on peut vivre à l’abri d’une insécurité excessive et des dangers à notre santé et à notre bien-être, exercer une forme de contrôle et d’autonomie dans notre travail, atteindre une démocratie économique et jouer notre rôle de citoyen.ne en participant à une vision durable, solidaire et partagée de la prospérité, laquelle bénéficie à l’ensemble de la population et des générations futures. Une ambition que l’on assimile à un travail de meilleur qualité.
Le travail de qualité recouvre aussi bien les conditions d’exercice du travail et le statut d’emploi que le droit du travail. Autant d’éléments qui caractérisent la réalité actuelle, traversée par l’arrivée de technologies perturbatrice, la crise climatique, les menaces sanitaires d’envergure planétaire, la fragmentation de l’entreprise, la reconfiguration des réseaux de production mondiale, le rôle changeant de l’État, et la transformation des identités et des valeurs. Il s’agit là de forces qui, bien souvent, mènent à un travail de piètre qualité ainsi qu’à des communautés disloquées.
Bien que cette déconnexion engendre de l’incertitude, elle ouvre également la porte à la résilience des acteurs et à l’expérimentation. Des acteurs du monde du travail, tant chevronnés que nouveaux, se livrent à l’expérimentation en réaction à ces lignes de faille, et ce, dans divers contextes nationaux, institutionnels et organisationnels. Faisant écho à la structure de notre Projet de partenariat, les cas d’expérimentation dans la régulation du travail et de l’emploi sont regroupés par lignes de faille et par arènes de régulation.
Le Projet distingue sept lignes de faille
Les technologies perturbatrices
La crise climatique et la transition écologique
Les menaces sanitaires à grande échelle
La fissuration/fragmentation de l’entreprise
La reconfiguration des chaînes d’approvisionnement et de production mondiales
La redéfinition du rôle de l’État
La transformation des identités, solidarités et des valeurs
Pour une présentation de chaque ligne de faille et de notre approche à l’égard de l’expérimentation en matière de re-régulation du travail et de l’emploi, voir : Ferreras I, MacDonald I, Murray G, Pulignano V. L’expérimentation institutionnelle au travail, pour le meilleur (ou pour le pire). Transfer: European Review of Labour and Research. 2020; 26(2):119-125. doi: 10.1177/1024258920926445 [accès institutionnel requis] et Murray G, Lévesque C, Morgan G, Roby N. Disruption and re-regulation in work and employment: from organisational to institutional experimentation. Transfer: European Review of Labour and Research. 2020; 26(2):135-156. doi: 10.1177/1024258920919346 [en libre accès].
Quant aux cinq arènes de régulation du travail et de l’emploi qui, bien souvent, se recoupent, le Projet distingue
Les pratiques et les politiques de l’entreprise
Les marchés
Les pratiques et les politiques étatiques
La représentation collective
Les pratiques et les politiques régionales
Un Projet de partenariat d’envergure internationale financé par le CRSH
Le Projet de partenariat international du CRIMT sur l’expérimentation institutionnelle et l’amélioration du travail se concentre sur les trois processus suivants : la perturbation des formes traditionnelles de régulation du travail, la façon dont les acteurs se livrent à l’expérimentation en matière de régulation du travail et de l’emploi, et la manière dont certaines ‘capabilités’ et ressources contribuent à de nouvelles formes de régulation et mènent à un travail de qualité. Ces expérimentations ont la force de transformer notre économie future et nos communautés de demain.
Le Projet de partenariat du CRIMT est financé par le Programme de de partenariat du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), lequel soutient les partenariats entre des chercheur.euse.s universitaires et d’autres types d’acteurs dans l’atteinte de deux objectifs : faire progresser les connaissances et la compréhension sur des questions essentielles d’ordre intellectuel, social, économique et culturel, telles que l’amélioration du travail; et innover, renforcer les capacités institutionnelles et mobiliser les connaissances et les résultats de recherche par divers mécanismes de vulgarisation. Ces fonds comportent un important financement de contrepartie de la part des partenaires, en l’occurence, des vingt centres partenaires de ce Projet.
Des défis de taille à relever par la communauté scientifique
Un des principaux défis consiste à mettre en commun et partager notre compréhension du monde du travail. Il s’agit d’un processus où nous nous livrons nous-mêmes à l’expérimentation, notamment, à celle d’approches novatrices en sciences sociales. Jusqu’à maintenant, ce partenariat international et interdisciplinaire s’est engagé dans un large éventail d’activités visant à documenter, interroger et comparer plus de 100 cas d’expérimentation. L’objectif est de définir : les sources de résilience; les conditions contraignantes et facilitantes; les stratégies; le rôle des ressources, de la délibération, de la réflexivité et des capacités collectives; les liens entre l’expérimentation organisationnelle et l’expérimentation institutionnelle, en ce qui concerne notamment leur reproductibilité, extension et durée dans le temps; et les leçons à tirer afin de produire un travail de qualité.
Une expertise internationale où la collaboration mène à l’avancement
Le Projet de partenariat du CRIMT sur l’expérimentation institutionnelle et l’amélioration du travail fédère vingt centres partenaires de premier plan et 180 chercheurs dans plus d’une douzaine de pays autour des enjeux théoriques et pratiques de l’expérimentation organisationnelle et institutionnelle en matière de régulation du travail et de l’emploi à l’ère de la mondialisation. L’objectif est d’inciter les acteurs du marché du travail à adopter la lentille de l’expérimentation dans la façon dont ils élaborent leurs stratégies, innovent et font face à l’incertitude dans leur recherche pratique de solutions durables pour un travail de meilleure qualité.